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Mayotte

Koungou

Mai 2011

Mai 2011, Koungou, Mayotte. Dans la culture mahoraise, les danses et les chants occupent une place importante. Pour un mariage, les festivités de la fête nationale ou à l’arrivée à l’aéroport, les femmes, sous la houlette de leur association venant de différents villages, dansent le mbiwi. En ce samedi 21 mai 2011, les associations se sont réunies à Koungou pour une sorte de concours de mbiwi.
Les femmes vêtues de leur salouva confectionné avec le même tissu au sein de leur association, certaines avec le masque de beauté (le m’sindzano) réalisé avec de la poudre de bois de santal s’assoient pour former une sorte de ring. Deux par deux, les danseuses se lèvent et se font face. Les bras écartés, des mouvements de hanche appuyés, elles se défient en dansant. Tour à tour les danseuses se lèvent, dansent et se rassoient.
En juin 2023, le Comité du patrimoine ethnologique et immatériel réuni à Paris, a classé le Mbiwi parmi les pratiques qui constituent un patrimoine culturel immatériel. Ce duel de déhanchés entre femmes mahoraises, rythmé par le son des bâtons de bambou et les musiques traditionnelles, est désormais un savoir français.
Selon la fiche rédigée par Elena Bertuzzi, anthropologue et chorégraphe, grâce aux témoignages de nombreuses pratiquantes du Mbiwi, le mbiwi « est un art musical et chorégraphique féminin du patrimoine immatériel mahorais. Ce sont les deux bâtonnets en bambou, mbiwi, utilisés comme instruments de percussion en les faisant entrechoquer, qui donnent leur nom à cette pratique. Il anime par excellence les cérémonies de mariage. Le mbiwi en ponctue les différentes étapes : de la remise d’argent et de cadeaux par la classe d’âge féminin dont fait partie la mère de la mariée, à l’accompagnement du marié vers sa nouvelle demeure familiale le dernier jour des festivités des noces. Il s’agit d’un défi chorégraphique entre deux femmes qui piétinent sur place de manière très rétrécie et leste. La danse mobilise principalement le bassin et les hanches dans un mouvement vibratoire et sensuel qui doit être aussi rapide que possible. Le reste du corps reste presque impassible. La gagnante est celle qui danse le plus longuement. Les chants profanes qui accompagnent la danse sont à la fois traditionnels et transmis d’une génération à l’autre et composés par les pratiquantes elles-mêmes en fonction des événements. Ils parlent de joie, d’amour, mais aussi des difficultés que l’on peut rencontrer dans la vie de famille et de couple. Autrefois menées par les femmes mariées du village, les animations sont aujourd’hui assurées par des associations fondées sur des liens d’amitié et de parenté. C’est une pratique apparentée à d’autres danses et chants similaires pratiquées en Afrique, notamment aux Comores et à Madagascar. »

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